Guardians of Grail

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Dès l'annonce de son arrestation le 5 juin, ses amis se mobilisent, entra?nant dans leur sillage une d'internautes de bonne volonté. Des dizaines de sites de soutien apparaissent, des pétitions circulent pour sa libération : sur , , des blogs consacrés au Moyen-Orient, des magazines lesbiens, des forums féministes, et même des sites consacrés à la et à la diététique. Puis des dizaines de médias américains et européens viennent la campagne " Amina". BBC Radio diffuse même une interview très émouvante de la "girlfriend canadienne", qui [url=http://www.riad-marrakesh.fr]abercrombie pas cher[/url] fait bonne figure malgré l'angoisse. Des médias arabes se lancent à leur tour, notamment le quotidien L'Orient-Le Jour de Beyrouth dont un article est repris par Courrier .
Entre février et juin, Amina a publié 146 articles sur Blogspot.com, la plate-forme de de , hébergée en Californie. Elle mêle avec talent les d'actualité et les réflexions sur la vie compliquée d'une professeur d'anglais lesbienne de 36 ans, qui veut aussi être une bonne musulmane.
Par ailleurs, Amina entretient via Internet des relations très suivies avec des femmes occidentales. Parmi elles, , une professionnelle de l'Internet habitant Montréal. Au fil du temps, la Syrienne et la Canadienne développent une relation intime : en cinq mois, Sandra Bagaria re?oit près de 500 e-mails et un millier de photos de Damas. A son tour, Sandra Bagaria est contactée par les médias, car elle est le seul lien tangible avec l'inaccessible héro?ne. Elle se présente partout comme la "girlfriend" d'Amina, sans préciser qu'elles ne se sont jamais rencontrées, ni même parlé au téléphone.
Selon le site du , Paula Brooks s'appelle en réalité . Il a 58 ans, il vit dans l'Ohio, il est marié et père de famille. Ce serait un ancien pilote de l'US devenu ouvrier de chantier. Paula Brooks serait le nom de sa femme.
Peu après, le site de CNN publie à son tour une interview d'Amina réalisée par e-mail, dans un article consacré aux communautés gay du Moyen-Orient. Entre-temps, les médias fran?ais ont découvert Amina Abdallah Arraf. Dès le 5 mai, le blog #Printemps arabe du site Internet du Monde lui consacre un article basé sur des citations extraites de in Damascus.
Arraf, héro?ne de la grande rébellion populaire contre la dictature, a été arrêtée à Damas, en pleine rue, par trois hommes és, qui l'ont emmenée vers une [url=http://www.marrakech-hotel.fr]hollister france[/url] destination inconnue. La nouvelle est publiée sur le blog d'Amina par sa cousine, Rania Ismail, qui décrit la scène en détail, et affirme qu'Amina était sur le point de un "membre du Comité local de coordination" de la rébellion.
Comprenant que son premier coming out est insuffisant, publie un second texte, pour sa contrition. Puis il accorde des interviews en direct de Turquie via le réseau de visiophonie de Skype. On apprend ainsi qu'il a imaginé la disparition [url=http://www.riad-marrakesh.fr]abercrombie[/url] d'Amina simplement parce qu'il n'avait pas envie d'écrire pendant ses vacances.
A Londres, une femme appelle le Guardian pour : elle s'est [url=http://www.shewyne.com/woolrichoutlet.html]woolrich outlet[/url] reconnue sur la photo illustrant un article sur Amina. Dans un premier temps, on refuse de la -, cette nouvelle venue, qui dit s' , fait peut-être partie d'un complot visant à détruire la réputation d'Amina. Puis le site du quotidien retire la photo et la remplace par une autre, également envoyée par Amina. Nouvel appel : la deuxième photo est aussi celle de Jelena Lecic. En fait, toutes les photos d'Amina circulant sur le Net font partie d'un album que Jelena Lecic avait publié sur Facebook, et que quelqu'un avait détourné, en 2010, pour créer un compte au nom d'Amina Abdallah Arraf. Déjà, à l'époque, Jelena Lecic avait protesté auprès de Facebook, qui avait fermé le faux compte. Mais l'affaire était passée inaper?ue des médias.
Dans le même temps, Amina s'est fait une autre amie : , célèbre lesbienne militante américaine, qui dirige depuis 2008 le webmagazine engagé Lezgetreal.com. Paula Brooks s'est imposée sur le Net comme une femme charismatique et autoritaire, exer?ant une forte influence sur ses [url=http://www.fibmilano.it]woolrich outlet[/url] collaboratrices et ses lectrices. Gr?ce à l'entremise de Lezgetreal, Amina devient à d'avril une VIP de la mouvance lesbienne anglophone.
Pourtant, dès le lendemain de l'arrestation, l'ambiance change. Le buzz autour du blog d'Amina attire de nouveaux lecteurs, plus sceptiques. Ceux qui connaissent la Syrie relèvent des invraisemblances, d'autres remarquent que dans les derniers articles, la vie de la blogueuse, pleine de dangers, de co?ncidences et de rebondissements, ressemble de plus en plus aux aventures d'une héro?ne de bande dessinée. Des blogueurs et des journalistes américains lancent une .
Le scandale est à la mesure de l'imposture. Certains médias s'excusent auprès de leurs lecteurs, mais désormais, l'essentiel est ailleurs : le canular devient à son tour un scoop, qu'il faut impérativement sur le [url=http://www7a.biglobe.ne.jp/~to_a_you_sake/cgi-bin/senkoto_bbs/joyful.cgi]abercrombie pas cher 6 Easy M[/url] champ, pour la concurrence - sans le temps de vérifier quoi que ce soit. Pour que Tom McMaster est bien la "lesbienne de Damas", les médias britanniques s'appuient sur un e-mail envoyé par quelqu'un se présentant comme son épouse, qui confirme les dires de son mari et annonce qu'ils sont partis en vacances en . Plusieurs sites diffusent aussi une photo de Tom McMaster, avant de la en h?te : l'image avait été trouvée sur Facebook, et personne n'avait contr?lé son authenticité.
Son blog est lu par de nombreux journalistes occidentaux, avides d'informations en provenance de , où ils n'ont plus le droit d' depuis le déclenchement de la révolte. En avril, les sites des grands anglo-saxons rendent Amina célèbre, en republiant une anecdote extraordinaire trouvée sur son blog [url=http://www.gotprintsigns.com/abercrombiepascher/‎]abercrombie soldes[/url] : en pleine nuit, deux policiers sont venus dans la maison familiale pour l'arrêter, mais son père a réussi à les . Des internautes syriens se demandent comment un vieil homme en pyjama a réussi à la politique, mais leurs remarques sont noyées sous le flot de louanges célébrant le courage de cette .
Amina est doublement en danger, car elle milite sur deux fronts : contre la répression du mouvement démocratique, mais aussi pour au grand jour son homosexualité dans une société peu tolérante en ce domaine. Son blog s'appelle Gay Girl in Damascus : qui sait ce que ses ge?liers vont lui ? Seule note d'espoir : elle est née aux Etats-Unis de père syrien et de mère américaine, et [url=http://www.love-eyes.com/home.php?mod=space&uid=54043][/url] possède la double nationalité - avec un peu de chance, elle sera seulement expulsée.
Début mai, malgré les risques, Amina accepte de une interview au quotidien britannique The Guardian. Une rencontre est organisée avec une journaliste anglophone basée à Damas, qui signe ses articles sous le pseudo de Katherine Marsh, pour éviter d'être repérée et expulsée. Malheureusement, au dernier moment, Amina est obligée d' le rendez-, pour des raisons de sécurité. Qu'importe, l'interview se fera par e-mail. Dans son article élogieux, publié le 6 mai, ne mentionne pas ce détail. Le texte est illustré par une photo d'Amina - [url=http://www.fibmilano.it]woolrich[/url] une jolie brune au teint p?le [url=http://www.marrakech-hotel.fr]hollister[/url] - également envoyée via Internet.
Le coup de gr?ce est porté [url=http://www.sandvikfw.net/shopuk.php]hollister sale[/url] par Paula Brooks. Dans un premier temps, la patronne de Lezgetreal avait farouchement défendu la réputation de son amie, Amina, contre les sceptiques. Puis, cédant à ses inquisitrices, elle avait pisté l'origine des e-mails privés envoyés par la blogueuse syrienne : le numéro IP était celui d'un ordinateur situé à Edimbourg, en Ecosse. Plus personne ne comprend le r?le de Paula Brooks dans cette affaire. Des blogueurs, intrigués par son revirement [url=http://www.diecastlinks.co.uk]hollister outlet[/url] soudain, décident d'enquêter aussi sur son cas.
L'interview est considérée par tous comme authentique, [url=http://www.teatrodeoro.com/hollisterde.php]hollister[/url] car, sur , il est impossible de sur son sexe, son ?ge ou sa langue maternelle. Bien s?r, on peut un compte Skype sous un faux nom, sur sa localisation et n'importe quoi - mais peu importe, car les interviews sur Skype ont d'autres avantages pour les sites Web et les télévisions : elles sont pratiques, rapides, et gratuites.
Le 12 juin, se sentant prise au piège, Amina craque [url=http://www.rtnagel.com/louboutin.php]louboutin pas cher[/url] : Gay Girl in Damascus publie un court article expliquant qu'il s'agit en fait d'une oeuvre de fiction. Son auteur dit s' Tom McMaster, un Américain de 40 ans vivant à Edimbourg, dont l'épouse mène des recherches universitaires sur la Syrie - d'où ses connaissances [url=http://park16.wakwak.com/~sakura2nd/cgi-bin/yybbs.cgi%3Fpage%3D60]barbour online shop How To Cu[/url] sur le sujet. Tom McMaster s'excuse brièvement, tout en se félicitant d' sensibilisé un nouveau public à la situation en Syrie.
A peine 24 heures après la confession de Tom McMaster, le scandale est éclipsé par un nouveau coup de thé?tre. Les journalistes et blogueurs enquêtant sur les liens entre Paula Brooks et Amina Abdallah Arraf en arrivent à se s'il ne s'agit pas d'une seule et même personne. Sollicitée par le Washington Post, Paula Brooks explique qu'elle ne peut pas d'interview par téléphone car elle est sourde, mais que son père s'exprimera à sa place. Après deux entretiens, le père avoue soudain : "Je suis Paula Brooks." Amina Abdallah Arraf et Paula Brooks, les deux lesbiennes les plus célèbres de la blogosphère anglophone, étaient des hommes, chacun croyant l'autre.
Une seule chose semble s?re : les lesbiennes américaines et les rebelles syriens, un temps réunis, vont leurs combats respectifs séparément.