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Au procès Aussaresses l'histoire a réclamé justice

Le 25 janvier prochain le tribunal rendra sa décision. Au nom des victimes, la substitute du procureur a réclamé une peine de 100 000 francs d'amende contre les prévenus auteur et éditeurs d'un livre qui " révulse ". " Au nom du respect des victimes, au nom de ceux qui se sont élevés contre ces pratiques, au nom de l'avenir et des valeurs humaines que ce livre insulte, je demande au tribunal de condamner les prévenus. "
On n'avait pas beaucoup entendu jusqu'ici Fabienne Goget, la substitute du procureur. Elle avait demandé, ici ou là, à Aussaresses s'il avait effectivement participé à la pendaison de Ben M'Hidi, à Pierre Vidal-Naquet pourquoi, lui, n'aurait pas publié le livre, à la présidente de donner intégralement lecture au tribunal des passages apologétiques et aussi d'entendre la journaliste Florence Beaugé, dont le témoignage, mercredi matin, a permis de mieux cerner les circonstances de la genèse de ce livre qui " n'apprend rien ou si peu sur la réalité de la [url=http://www.vivid-host.com/barbour.htm]barbour uk outlet[/url] torture ", mais qui " trouble et qui révulse ", a dit la magistrate.
Mercredi soir, on l'entend. Un ton sobre mais ferme, clair et précis pour développer ses accusations. Au nom des victimes, donc : les crimes sont prescrits, amnistiés, on ne peut pas les juger, mais le mal commis, l'ab?me de souffrance qu'ils ont ouvert sont imprescriptibles : comment dire autrement que l'histoire réclame justice ? Souhaitée par les uns, redoutée par les autres, l'histoire n'a jamais quitté l'audience durant ces trois jours. C'est elle qui demande des comptes, même si l'on ne juge qu'un délit de presse et même " s'il n'appartient pas aux juges de décréter l'histoire ", soulignera le réquisitoire. C'était tout le paradoxe annoncé de cette citation d'un général devant une chambre correctionnelle - la première depuis 1962 -, juridiction où [url=http://www.1855sacramento.com/peuterey.php]giubbotti peuterey[/url] il n'est pas d'usage de demander des peines de prison, et pour un procès qui n'avait à se prononcer que sur des écrits et pas sur des actes. Mais un procès qui [url=http://www.eracorrect.com]mulberry outlet[/url] ce faisant ne pouvait conclure qu'en [url=http://www.getconversational.com]hollister france[/url] ouvrant grandes les portes du prétoire sur la vérité cachée, la part indigne et dissimulée de la République, ces crimes que depuis des décennies elle n'a jamais reconnus comme les siens. " Toute vérité n'est pas bonne à dire, [url=http://www.msc-sahc.org/moncler.asp]moncler doudoune[/url] vous avez compromis tous vos frères d'armes ", avait amèrement écrit Massu à Aussaresses dans un courrier cité par Paul Lombard. Vérité ? La substitute Goget a parfaitement entendu les voix de ces grands témoins venus dire au tribunal ce qu'il en fut réellement de la guerre. [url=http://www.rtnagel.com/airjordan.php]nike air jordan pas cher[/url] Tout son réquisitoire a été construit pour montrer que le livre ne visait qu'à travestir cette vérité. Et la magistrate de pointer comment l'auteur s'échine à présenter " sous un jour favorable " chacun des crimes évoqués, comment " dans une mise en scène de sa propre personne ", il sert un récit " autocentré et univoque ", où s'étalent sa " conception du nettoyage " et " son mépris de ceux qui ne le suivaient pas ou combattaient ses méthodes ", Teitgen, Reliquet, l'intelligentsia... L'apologie réside dans ce " décalage ahurissant " entre la description et un ton " détaché, froid, dépourvu de tout recul, de toute humanité qui donne le vertige ". Quarante ans après, c'est impossible, dit-elle encore.
Avant elle, Pierre Mairat, pour le MRAP, Guy Aurenche, pour l'ACAT et Henri Leclerc pour la Ligue des droits de l'homme, avaient naturellement fustigé cet ouvrage dont on prétend bien à tort qu'il aurait porté les regards de l'opinion sur cette période de l'histoire, alors que tout au contraire il tente de phagocyter la bataille engagée pour la reconnaissance de la torture, cherche à en atténuer les effets pour l'institution militaire, à dévoyer l'exigence éthique qui la porte. Le recours à la torture ne souffre aucune excuse, aucune justification : " La démocratie perd son ?me quand elle prétend qu'en temps de guerre le [url=http://www.achbanker.com/home.php]hollister[/url] crime est possible, quand elle dit ou laisse dire qu'on peut répondre à la barbarie par la barbarie ", démontrera Henri Leclerc.
Restent les circonstances de la fabrication du livre dans ce contexte surmédiatisé : elles s'avèrent des plus glauques, c'est aussi l'un des enseignements du procès. Il ne fait guère de doute comme plusieurs témoins l'ont expliqué que l'ouvrage a été provoqué, con?u en [url=http://www.1855sacramento.com/peuterey.php]peuterey outlet[/url] accord avec lui, après l'interview d'Aussaresses donnée au Monde. Le général, comme l'affirmait Pierre Vidal-Naquet, n'a pas écrit le livre, même " s'il en est l'auteur intellectuel et qu'il est parfaitement d'accord avec la matière ", dira la [url=http://www.gotprintsigns.com/uggpascher/]ugg pas cher[/url] substitute. " Invoquer la liberté d'expression quand on a largement contribué à la fabrication de l'événement c'est impossible ", concluait-elle en réclamant un partage égal de la sanction demandée au tribunal, 100 000 francs d'amende, pour chacun des prévenus.
Bien difficile dans ces conditions, pour Gilbert Collard de défendre son client. D'autant plus difficile que Paul Lombard avait expliqué quelques instants auparavant qu'il trouvait " ébouriffant " qu'aux yeux de la loi Aussaresses ne puisse être poursuivi ni condamné pour crimes de guerre : un crime qui ne serait pas défini dans la loi fran?aise, une impunité troublante, mais qui rendrait inconvenante toute poursuite contre les éditeurs. Si l'on n'a pu condamner Aussaresses pour ses crimes, pourquoi vouloir le faire des éditeurs qui feraient un travail de vérité ?
On a vu ce qu'il en était réellement de ce souci de vérité. Collard n'a pas insisté sur ce terrain, tentant, lui, d'assumer l'inassumable : Aussaresses ne serait qu'un personnage d'une autre époque, qui n'a jamais voulu écrire une apologie mais " raconter sa vie ". Ce serait un patriote démodé, qui ne ferait que rendre compte de ce que le métier des armes a fait de lui. Mais les crimes ? Ce que Collard appelle euphémiquement les " interrogatoires poussés ". Il n'aurait pas fallu en parler puisqu'on ne devait [url=http://www.achbanker.com/home.php]hollister france[/url] pas instruire leur procès. Combat perdu d'avance : l'avocat qui [url=http://www.buynflticketsonline.com]Cheap NFL Tickets[/url] crie au " procès politique " " par ricochet " savait [url=http://www.buynflticketsonline.com]NFL Tickets[/url] bien que la justice ne pouvait traduire son client devant une cour d'assises. Elle a fait autrement. Ouvrant pour la première fois une page qu'il aurait fallu tourner, regrettait Collard. Mais comment tourner une page qui n'a pas fini d'être écrite ?
Lucien Degoy

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